Dauphiné Libéré 09-2016

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Dauphiné Libéré - Septembre 2016

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Amateur de moto, « parce que c’est un moyen d’évasion fantastique et de déplacement grisant », de voile, d’avion et de voitures anciennes « parce qu’elles sont plus élégantes », Rémi Danglade aime aussi « rêver, imaginer plein de choses ». Il « regrette parfois de ne pas avoir poursuivi [ses] études. » Photo Le DL /M-N.C.


Au titre de président, Rémi Danglade préfère celui de maître-papetier. En rachetant, en 2008, la papeterie de Montségur en Drôme provençale, l’agent vendeur de pâte à papier et cartons renouait avec son histoire familiale.

«J’ai trois siècles de papier dans les veines. » Une discrète pointe de fierté dans la voix, Rémi Danglade signale que ses « aïeux, côté paternel, ont été par deux fois associés au papier. » La première, c’était avant la Révolution française. « On avait un moulin en Dordogne qui fabriquait le papier de Hollande. » Le blocus contre la France lui sera fatal. « Alors mon aïeul est parti à Bordeaux travailler pour un armateur.» Lequel lui confiera « les clefs de la boutique » durant trois ans. À son retour, l’affaire était si florissante qu’il « le remerciera en lui donnant un bateau et un équipage. » Cap sur la Nouvelle Calédonie où l’aïeul « fait fortune. » Son fils revient en France, s’installe dans les Landes et plante des pins. Un siècle passe. Dans les années 1930, la famille Danglade retrouve le papier avec les papeteries de Gascogne, qu’elle contribue à créer tout en montant une société de courtage de pâtes à papier et carton. Un univers de papier qui sera celui, à plein temps, de Rémi Danglade. Même pendant ses vacances. « L’allemand étant ma première langue, dès 11 ans, je suis allé tous les ans en Allemagne et toujours dans des familles liées à l’industrie papetière. » Mais, à 18 ans, c’est vers le Canada que s’envolera Rémi Danglade. « J’ai été bûcheron pendant quatre mois… pour une usine de pâte à papier. » Ce sera pour lui l’occasion d’apprendre un anglais pas toujours très châtié.

« Après mon séjour au Canada, j’ai fait ma crise d’adolescence. Le job était très, très bien payé. Ça m’a chamboulé. » Il décide ainsi de n’intégrer ni Sciences Po ni Paris Dauphine et d’« anticiper » son service militaire. Mais comme « j’avais huit mois devant moi, je suis parti en Allemagne où j’ai travaillé pour une formidable usine qui fabriquait du papier photographique. Et là, j’ai appris le papier. » Au cours de l’une de ses escapades de fin de semaine dans l’une ou l’autre des familles qui l’avaient reçu, il croise « un garçon allemand qui travaillait pour la société propriétaire de l’usine canadienne pour laquelle j’avais travaillé. » Rémi Danglade s’enquiert d’un éventuel poste, candidate et est embauché comme commercial. « Je travaillais sur les marchés américain et mexicain. » Le voilà donc qui se met à l’espagnol. « Je me passais des cassettes quand j’allais au Mexique. » Son anglais, il le parfait encore en partant travailler trois ans en Angleterre. « Je vendais de la pâte à papier sur les marchés britannique et français. J’étais le concurrent de mon cher père. » Des sociétés lui font des appels du pied. « C’est alors que mon père me demande de venir travailler avec lui. Je le rejoins comme commercial. Et là, le sort s’est abattu sur moi. » Rémi Danglade a 24 ans quand son père décède brutalement. « Impressionné par la vague d’émotion que son décès soulève chez nos commettants [NDLR : personne qui confie à une autre le soin de ses intérêts] », Rémi Danglade réalise que « son père était un homme formidable » et décide de reprendre la société familiale de courtage. À l’orée du XXIe siècle, il comprend que son métier d’agent vendeur de pâte à papier et carton est « menacé.

« À Montségur, j’ai vu la Belle au bois dormant »

Il me fallait réinventer mon business model. » Il se rapproche du monde du parfum et de la cosmétique et propose « l’empreinte matricielle » pour lutter contre la contrefaçon. « Le projet est abandonné. » On est en 2007. Rémi Danglade apprend qu’« une petite usine qui fabrique du papier de soie de qualité est à vendre. » Tenté par l’aventure industrielle, il fait un projet de reprise. Accepté. « En venant à Montségur, j’ai vu la Belle au bois dormant. Une petite usine au milieu des champs de lavande, de vigne et de chênes truffiers. Et qui fabrique un papier que je trouve formidablement sensuel. » Au prix d’une restructuration en profondeur, Rémi Danglade donne une visibilité commerciale à l’une des dernières papeteries françaises. « J’ai recadré le travail de chacun et axé sur la qualité, la flexibilité, la réactivité et la créativité. Et j’ai développé l’outil industriel pour faire de l’innovation. » Labellisée Entreprise du patrimoine vivant et leader européen du papier de soie teinté dans la masse, la papeterie Montségur « réinvente » son produit en innovant avec le papier ignifugé pour la fabrication des confettis et autres cotillons, le papier à identité olfactive, le plissé, le floqué. Ses clients sont autant les grands noms du luxe que l’industrie agroalimentaire. Parce qu’il « la respecte », Rémi Danglade a conservé la machine de 1910. « Je veux qu’elle continue à fabriquer le plus beau papier de soie du monde. »


Marie-Noëlle CACHERAT


L'HOMME


56 ans, trois enfants

Lieu de résidence : Entre Grignan, Paris et les Landes
Diplômes : Baccalauréat
Parcours professionnel : Bûcheron, commercial…
S’il devait choisir… Foot ou rugby ? Rugby
Dividendes ou participation ? Participation
Beatles ou Rolling Stones ? Les deux
Introduction en bourse ou levée de fonds ? Levée de fonds
Mac ou PC ? PC

PAPETERIE DE MONTSÉGUR EN BREF


ACTIVITÉ
: fabrication de papier de soie
CRÉATION : 1840
IMPLANTATION : Montségur-sur-Lauzon (Drôme)
CHIFFRE D’AFFAIRES : 4 M€
EFFECTIFS : 32 salariés
RÉSULTAT NET : NC
RÉPARTITION DU CAPITAL : Famille Danglade


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